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L’expertise d’André Bozec :
Selon la légende Sainte Élo évangélisa le pays de Landeleau. A Plogonnec son culte s’est substitué à celui de Taranis, puis de Jupiter. Nous sommes donc sur le site d’un
syncrétisme celto-chrétien. La chapelle est remarquable de par ses proportions et la finesse de son ornementation extérieure et intérieure. Elle a accueilli des vitraux de qualité qui ont depuis été transférés à l’église paroissiale. La confrérie qui l’a régie jusqu’à la fin de l’ancien régime fut durant longtemps la plus prospère de la paroisse.
1° Extérieur de la chapelle.
Cette chapelle est du XVIe siècle. Elle est en forme de croix latine à chevet plat.
Le mur du croisillon sud du transept porte la date de 1573 et sur le chevet on lit la date
de 1695. La façade sud a été remaniée en 1775. Cette chapelle se caractérise par ses grandes dimensions, par la finesse de son appareillage, et par la richesse de ses très nombreux ornements extérieurs. La façade sud et le mur sud-ouest du transept sont percés par deux belles portes gothiques avec des fleurons et des pinacles, encadrées par des colonnettes à nid d’abeilles, et par une fenêtre à arc aigu.
Le pignon ouest est orné d’une belle porte gothique monumentale inspirée de celle de l’église de Ploaré, avec ses voussures, ses colonnettes sans chapiteaux, et au-dessus avec la galerie en encorbellement et à balustrade aveugle. Deux tourelles polygonales accostent le clocher. La tourelle de droite (sud-ouest) est décorée de niches gothiques. Le clocher a été foudroyé en 1976. Il a été remonté depuis, mais en de plus faibles proportions. C’est un clocher de type cornouaillais avec des gargouilles dragonnées. La chambre des cloches est très élevée. La flèche octogonale est accostée de rinceaux chargés de crochets. A ses angles des pinacles encadrent des lucarnes sur trois niveaux et fermées par un gable crocheté.
Le mur nord est en bel appareillage et conserve la trace d’annexes adjacentes. Outre la « prison » l’on trouve trace d’une maison accolée au bâtiment, sans doute le siège de la confrérie de saint Elo. Le local de la « prison » est un petit édifice, une remise initialement.
Elle servait à l’occasion de cellule de dégrisement le jour du grand pardon, d’où son
appellation de « prison ».
La sacristie, mal intégrée au chevet, est de 1695. Son toit est en carène de bateau renversée. La tradition locale évoque la présence d’un petit cimetière au nord de la nef.
2° L’intérieur de la chapelle.
L’intérieur de la chapelle de Saint Elo est formé de murs bien appareillés Le pignon
ouest comprend des panneaux moulurés qui ont pu servir de décors à une ancienne tribune.
Dans le cœur le maître autel est surmonté d’un retable sculpté. Il est encadré par deux
statues. A droite se trouve Saint Élo assis sur un cerf (pierre polychrome du XVIe siècle). A gauche se trouve Saint Méen. Au croisillon Nord du transept on découvre une piéta en pierre polychrome, puis sur l’autel latéral un Saint Sébastien, et à l’angle un Saint Jérome.
Dans le transept sud, en hauteur près de la croisée un homme vêtue d’une dalmatique, tête nue, qui pourrait-être un Saint Gwenolé ? Et à côté, dans le transept sud, sur l’autel de pierre accointé de tête de colonne d’angle en nid d’abeille, un Saint Jean en bois brut, et à l’angle sud-est du transept l’on trouve un Saint Éloi ferrant la patte coupée d’un cheval (bois polychrome), tout comme pour l’ancien vitrail transporté depuis à l’église paroissiale de Saint Thurien. La translation de ce vitrail fait problème. Elle a permis sa sauvegarde et est venue rehausser le prestige de l’église paroissiale. En même temps elle a appauvrie la chapelle. Une restauration à l’identique ne pourrait-elle pas être envisagée ?
3° Le calvaire de Saint Élo.
Sur le placître, le calvaire sans doute du XVIe siècle a conservé à sa base les statues
jumelées de la Vierge et de Saint Pierre, de Saint Jean et d’un abbé mitré, sans doute Saint
Gwenolle. Ce calvaire a été endommagé par des projections de pierres lors du foudroiement de 1976.
Depuis 1976, une association du quartier contribue dynamiquement à l’entretien et à la rénovation de la chapelle, dans l’esprit des anciennes confréries de quartier.
4°) La fontaine de Saint Élo et la fontaine de Saint Méen.
La fontaine de Saint Élo se trouve dans la prairie située à l’ouest de la chapelle. Elle a
fait l’objet d’un captage moderne qui a entraîné son busage. Le monument a été transféré à la ferme voisine de Ty Conan. Cette fontaine était de dimension modeste avec une cuve
enchâssée dans un caisson à pignon triangulaire orné d’un arc gothique.
La fontaine de Saint Méen relevait de la ferme de Pen Ty Hor. C’est une fontaine ancienne qui a été remodelée au cours du XIXe siècle. Elle se situe au contrebas de cette ferme, à gauche au sud est en bordure est d’une prairie toute en longueur orientée nord-sud. Cette fontaine est constituée d’un bassin rectangulaire de soixante centimètres de largeur (2 coudées) sur quatre-vingt-dix de longueur (trois coudées). Ce bassin s’élève à plus de trente centimètres du sol initial et est constitué d’un ensemble appareillé quadrangulaire. Il estorienté vers le sud. La cuve rectangulaire initiale a été rehaussée par un premier parement biaisé depuis le sud vers le nord dont le mur fronton contient une niche destinée à recevoir la statue de Saint Méen. La première pierre biaisée du côté ouest de ce parage comporte la mention de la date de 1829 sur sa face côté bassin. Le mur nord du bassin est surmonté audessus de la niche par une large pierre qui comporte la mention de la date de 1881. A côté de la fontaine se trouvait un modeste lavoir à une seule place de lavage.
5°) La chaise de Saint Élo.
Face à la chapelle de Saint Élo sur le flanc sud-ouest d’une ligne de collines qui
aujourd’hui servent de limite entre les communes de Plogonnec et de Guengat, au-dessus de la ferme de Guinorvan se trouvent les vestiges d’un ancien cromlech avec « la chaise de Saint Élo / kador Sant Elo ». Il s’agit d’un bloc granitique d’origine locale en forme de banquette comprenant plusieurs alvéoles. L’une d’elle située latéralement porte ne nom évocateur de « Toul an Ney », le trou du chevreuil qui se tient à côté du saint, vivant ou sacrifié.
Le pardon de Saint Elo se célèbre le dernier dimanche de juin.
Remarque personnelle de l’auteur :
L’on ne saurait bien comprendre la cohérence de ce site sans l’associer à celui du bourg de Plogonnec ainsi qu’avec celui de la chapelle de Saint Egonnec, en Plogonnec actuellement, et aussi avec le cromlec’h de Kador Sant Elo, actuellement en Guengat, mais anciennement à Plogonnec.
Nous retrouvons là un triptyque celtique de la déesse mère (basée à la fontaine de saint Egonnec) et de ses deux époux cosmiques (celui du jour Taranis, sans doute au bourg de Plogonnec, et celui de la nuit Cernunos, sans doute à Saint Elo).
La Kador Sant Elo a entre-temps été oubliée de tous. Pour qui s’y est rendu, c’est pourtant très simple pour qui sait faire œuvre de bons sens et d’observation. Aujourd’hui le cromlec’h a un peu souffert du remembrement des parcelles agricoles par la poussée mécanique de certains de ses éléments, mais la pièce centrale, à savoir la chaise du saint, elle, n’a pas été poussée. Une fois assis dans cette chaise de granit, une personne assez grande pour pouvoir incruster son arrière crâne dans l’alvéole secondaire placée à cet effet en haut du dossier se trouve géographiquement orienté directement vers l’actuelle chapelle de Saint Elo. Seule une ligne d’arbre vient aujourd’hui couper cette vision.
Et tout cela à très faible distance de la fontaine de Saint Egonnec !
A analyser.
Le pardon de Saint Elo se célèbre le dernier dimanche de juin.
André Bozec