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L’expertise de André Bozec
LA CHAPELLE DE SEZNEC TRÉGURON
Cette chapelle est dédiée à la fois à Saint Denys et à Notre Dame de Tréguron. Elle correspond sans doute à la christianisation d’un lieu sacré celtique dédié à la déesse mère et à la fécondité comme le suggère la présence d’une vierge allaitante dans la statuaire. Toutefois l’évocation de la Vierge aux trois couronnes est totalement absente de sa statuaire. Il est fort à penser que ce nom de « Tregeuren » renvoie plutôt à une désignation géographique locale et que le saint initial était saint Sezni (c.f. L. Kergoat).
A la fin de l’ancien régime la chapelle était desservie en permanence par un prêtre résidentiel (dont sire Charles Le Bozec, ente 1723 et 1770) qui intervenait aussi sur la frèrie de la Lorette. La chapelle avait son fonctionnement spécifique qui transparaît au travers de registres de comptes conservés en archives.
1° L’extérieur de la chapelle de Seznec Tréguron.
C’est un édifice de taille modeste reconstruit entre 1673 et 1675. Il fait suite à un édifice plus ancien du XVe siècle dont certains éléments ont été réemployés.
La chapelle est de forme rectangulaire. La façade sud est percée d’une porte en plein cintre et à voussures, du XVe siècle, surmontée d’une pierre portant la date de 1673, et d’une modeste fenêtre à meneaux au linteau en anse de panier du XVIIe siècle. Celle-ci interrompt le larmier simple du haut du mur. La façade est marquée dans son tiers supérieur par une reprise de niveau de l’appareillage suite à un glissement des fondations de part et d’autre de la porte.
Le pignon de l’est est percé d’une simple fenêtre gothique trilobée du XVe siècle. Il est encadré par un gable très simple et sommé d’une croix arrondie.
Le clocher de type cornouaillais, a été foudroyé le 30 novembre 1937. Il n’en subsiste que la base ornée d’une corniche à listels et la chambre des cloches.
Le pignon ouest est du XVIIe siècle. Le seuil de sa porte est fait à partir d’une vieille pierre percée par une encoche en demi-cercle que l’on retrouve habituellement dans les vieilles fontaines.
Le mur Nord est fait d’un appareillage très simple de pierre de granit local et ondule du fait du glissement central des bases du bâtiment.
2° L’intérieur de la chapelle de Seznec Tréguron.
L’intérieur de l’édifice est simple. Le sol est bétonné façon local agricole des années 1950 et les murs sont couverts d’un crépis peint de couleur blanche.
Le maître autel en granit est encadré par deux niches de style de la Renaissance à quatre colonnes torses aux chapiteaux corinthiens surmontés de pots à feu et de vases. La base est parée d’une table moulurée et avec une ornementation de trois angelots, le plus grand couvrant la base de la statue, les deux collatéraux ornant la base des colonnes qui encadrent la statue. Celle du côté de l’Evangile accueil une statue en pierre d’une Vierge allaitante aux formes alourdies. Sa niche comporte dans la treille de la seconde colonne de gauche la figurine d’un jeune enfant nu et comporte deux inscriptions sous chacun des angelots latéraux. Celle du côté gauche mentionne « R : SEZNEC .F . 1682 ». Elle fait mention du fabricien de l’année. Celle du côté droit mentionne « MIRE : R SEZNEC. R ». Elle fait mention du recteur de l’époque dont le rectorat dura de 1671 à 1697. L’autre niche accueil un saint Denys (Sezni) évêque. Sa niche est de même facture que celle de la Viège allaitante. Elle comporte de la même façon deux inscriptions. Celle du côté gauche mentionne « MIRE : H : QVEINEC : C : ». Elle évoque le curé desservant de la chapelle à l’époque. Celle du côté droit mentionne « H : BRA.S : FAb : 1683 ». Elle fait mention du fabricien de l’année.
Deux autres statues ornent l’intérieur : une Piéta du XVe siècle qui viendrait de l’église paroissiale de Plogonnec et une Notre Dame de « Tregeuren » en bois du XVIIe siècle et qui pourrait être issue d’un retable.
Le vitrail contemporain de la maîtresse vitre est une œuvre d’Alain Grall réalisée en 1981. L’on note aux arrières droits des deux portes des débordements d’appareillage à hauteur de main. Nous n’avons pas l’explication pratique de ce fait.
3° la cloche de la chapelle de Treguron.
La cloche de la chapelle date de 1891. Elle a survécu au coup de foudre du 30 novembre 1937. Monsieur Jean-Yves Cordier, auteur d’un très intéressant article du 4 janvier 2012 sur la chapelle a déchiffré sur la cloche les mentions suivantes « MARIE-YVONNE, DEDIEE A ST-DENYS EN (PLOG)ONNEC/ Mr J.F. LE BRAS RECTEUR. PARRAIN YVES LOUBOUTIN …KERRADILY-VRAZ/MARRAINE MARIE-RENEE ST … DE SEZNEC. / C. LORIT FONDEUR A QUIMPER. 1891. ». Le parrain et la marraine sont des gens du quartier ayant une certaine aisance sociale.
4° Le calvaire de la chapelle de Tréguron.
Le placître comprend un très beau calvaire aux statues en granit de Kersanton, œuvre de Roland Doré et daté de 1641. Ce calvaire a conservé sa fine statuette du Saint Esprit.
Sur son pan oriental il est orné d’un Christ en majesté central accompagné de deux ecclésiastiques, celui de gauche étant un évêque portant sa crosse épiscopale, sans doute Saint Denys, celui de droite, mitré, portant une croix latine godronnée, sans doute Saint Gwenole. La potence comporte en sa voussure la mention suivante « M.P. SEZNEC – 1641 – CHAPALAIN ».
Le pan occidental présente une crucifixion avec au centre un Christ en croix accompagné à gauche d’une Vierge, et à droite d’un Saint Jean. La potence comporte une double inscription voussurée « M/G/ TOULGUEGAT – RECTEUR / POUR LORS ». Sur le socle à pan du côté ouest l’on l’inscription « MORS FIT VITA ITE/RNUM VICTRIS HAE/ CORNIC ».
5° La fontaine de Tréguron.
La fontaine de la chapelle se situe dans un petit bois en contre-bas au sud de la chapelle, dit le »Bois de Seznec ». Elle ne comporte pas de monument, celui-ci a dû être démantelé au XVIIe siècle car il est curieux de retrouver dans le seuil de la porte du pignon ouest de la chapelle une grande pierre encochée du même type que celles que l’onc retrouve habituellement dans de nombreuses fontaines. Jean-René Le Goff, de la ferme de Gouesnac’h, signale que cette fontaine a été partiellement ensevelie en 1955 lors du terrassement de la route communale de la Lorette qu’on l’y mettait la crème à rafraîchir.
.Je me suis rendu sur place et j’ai pu constater qu’aujourd’hui ce n’est ni plus ni moins qu’un trou de boue dont le fond a quand même été calé par des pierres. Il est sûr que le terrassement de la route de la Lorette a modifié l’écoulement d’eau et a contribué à l’embourbement actuel de cette fontaine.
Le pardon de Seznec Tréguron se célèbre le premier dimanche de mai.
André Bozec