Croix et calvaires de Plogonnec

( André BOZEC )

La paroisse de Plogonnec comprend dans son paysage dix-neuf calvaires de différentes époques. Ce nombre peut étonner, mais il correspond à l’étendue de la paroisse et commune. Ce sont des signes à la foi religieux et géographiques qui balisent tout le territoire. Elles se répartissent en deux groupes : le groupe des croix associées à une église où une chapelle, et le groupe des croix de bords de routes. La plus ancienne est Kroaz Bléon qui est daté de 1305.

En voici la revue à partir de l’ouvrage d’Yves Pascal Castel sur l’Atlas des croix et calvaire du Finistère. J’y ai à l’occasion rajouté un commentaire personnel.

( Situation au 16/08/2023 )

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1 – Plogonnec. (placître / parcelle AB 77)

C’est un calvaire en granit de cinq mètres de haut qui a été remanié vers 1860. Son soubassement est à deux degrés. Le socle est carré et garnis d’un large clavet, et comporte l’inscription : » CROAZ MISSION PLOGONNEC JH MIE DUPONT ». Le fût rond est surmonté d’un chapiteau. La croix est de section octogonale et ornée de fleurs de lys, avec un crucifix. Le montage actuel est du rectorat de Monsieur Joseph Marie Dupont. Il fait suite à un calvaire assez ouvragé qui a disparu. L’ensemble est assez atone dans la forme. Seul le placement récent de statues issues du calvaire originel vient rehausser l’ensemble. (Sur mes conseils, et à la demande du Recteur René Rannou).

2 – Plogonnec. (placître / parcelle AB 77)

C’est une croix en granit ancienne recomposé et enchâssé dans le mur d’enceinte du placître. Elle fait trois mètres de haut. Sa base est un menhir et le sommet en a été complété au XIXe siècle par une croix de section ronde. Ce menhir se trouvait jusqu’au début du XXe siècle à l’angle nord-est du placître, à la place de l’actuel monument aux morts.

3 – Plogonnec. (placître / parcelle AB 77)

Cette pièce en granit est en fait la base d’une croix qui dominait l’église de Plogonnec à l’époque où elle conservait un clocher central qui a disparu au XVIIIe siècle. Elle a sans doute servi d’autel à la religion de la Patrie ponctuellement durant la Révolution française.

4 – Plogonnec. (cimetière / parcelle AC 135)

C’est un calvaire en granit de Kersanton de sept mètres de haut de 1877, œuvre typique de Yan Lac’hantec. Son soubassement est à quatre degrés. Son socle est composite et comporte l’inscription suivante : » MR LE QUEAU MAIRE P. LE GRAND TRESORIER. L.H. PENNARUN RECTEUR ». Le fût écoté est rond et supporte un phylactère qui mentionne : » MISSION MDCCCLXXVII » ainsi qu’un chapiteau. La croix est à branches rondes avec fleurons et un crucifix. Nicolas Marie le Quéau, de Kereil, fut maire de Plogonnec de 1872 à 1896. Laurent Pennarun fut recteur de Plogonnec de 1863 jusqu’à sa mort en 1886.

5 – Plogonnec 5, Croas Bleon. (RD 59 – RD39 / parcelle AA 89)

C’est un calvaire ancien en granit de cinq mètres de haut, de 1305. Son soubassement est à deux degrés circulaires tout comme le socle à moulures qui comporte l’inscription : «  DAMET LA M : CC : V : VICAIRE ». Le fût est à pans et en liaison avec une croix trilobée qui supporte d’un côté un crucifix et de l’autre une Vierge à l’Enfant. Le tout est fort patiné et couvert de lichen. Un malencontreux déplacement pour une raison d’aménagement de voirie est venu rudoyer ce calvaire qui désormais est placé à l’envers.

6 – Kernescop. (RD 39)

C’est un calvaire en granit de 1862 de cinq mètres de haut. Son soubassement est cubique et le socle est en talon et comporte l’inscription suivante : » CROAS—1862 JH MIE DUPONT PSON PLOGONNEC ». Le fût et la croix sont de section octogonale. Le recteur Joseph Marie Dupont fut recteur de Plogonnec de 1851 à 1863. Il passa une large partie de son rectorat à faire restaurer les nombreux calvaires de la paroisse. Ce calvaire a été consacré lors de la mission de 1862.

7 – Saint-Pierre Lan Goulit. (VC 91 – placître / parcelle XA 120)

C’est un calvaire ancien en granit restructuré en 1644 puis au XXe siècle. Son soubassement est à trois degrés avec une corniche au premier degré. Le socle est constitué d’une vieille pierre sans doute préchrétienne qui peut évoquer la voute céleste. Elle comporte l’inscription : «  QVID TIBI MORTIFEROS PEPERIT SIC XPS DOLORES QVID QVOQVE VESTE TVA SPOLIAVIT. AMOR. ». (D’où vient que tu souffres, O Christ, jusqu’à en mourir, d’où vient que te voilà nu, vêtements arrachés ? La seule réponse est Amour). Cette inscription est sans doute l’œuvre du recteur Louis Le Noy, recteur de Plogonnec de 1596 à 1623. Le socle est surmonté de statues géminées avec La Vierge adossée à Saint Paul et Saint Jean adossé à Saint Pierre. Il est surmonté d’un fût à pans qui supporte une croix de granite du XXe siècle brochée d’un crucifix de métal de la même époque.

L’on trouve dans le transept sud de la chapelle un vestige du croisillon de l’ancienne croix à usage de bénitier et qui comporte la mention : « G.T. RECTEUR 1644 «. Les initiales se rapportent à Guillaume Toulguengat, recteur de Plogonnec de 1623 à 1658.

8 – Maner Kereil / Croas-Boulic. (RD 39 / parcelle XA 195)

C’est un calvaire en granit de trois mètres cinquante de haut de 1871. Le soubassement est à deux degrés. Le socle est cubique et comporte l’inscription suivante : « P. PHILIPPE M. DIDOU 1871 LOUSS— « Le fût est à pans et la croix a des branches pointues et supporte un crucifix. Ce calvaire est lourd de symbole localement car il exprime formellement la présence d’une croix dans cette frairie qui durant longtemps n’en avait plus. Il y a existé une autre croix dans le Goulit, mais, le temps a occulté son emplacement précis sans oublier sa présence. Sans doute un mauvais tour local et quelques quolibets ont conduit les habitants à corriger cette absence.

9 – Kervec, Croas Sant Philibert. (VC 20 / parcelle XC 162)

C’est un calvaire en granit qui originellement faisait trois mètres de haut. Il a été inauguré lors de la mission de 1862 par le recteur Dupont. Entre temps, la foudre où le gel l’on raccourci au sommet. Le bout tombé git à sa base et fait trente-cinq centimètres de long. La base de fondation est un carré de deux mètres sur deux mètres et quinze centimètres de haut. Elle supporte un socle cubique de cent-sept centimètres de long sur cent-sept centimètres de large et un mètre de haut. L’appareillage est fin et soigné. Le tout supporte un tablier de cent-vingt centimètres de long sur cent-vingt centimètres de large et quinze centimètres de haut.

La face ouest est ornée en son centre d’une ardoise comportant la mention : « ST PHILIBERT 1862 ». Ce tablier accueil en son centre un socle de base circulaire de soixante-seize centimètres de diamètre au profil inférieur concave et supérieur convexe sur quarante-cinq centimètres de haut. Il accueille le fût de la croix qui est de profil carré de vingt-trois centimètres de long sur vingt-trois centimètres de large et vingt-trois centimètres de haut qui se poursuit sur un profil octogonal. La potence de la croix fait environ cent-dix centimètres de long. Un Christ métallique aux quatre clous orne le tout. Ce calvaire ne figure pas à l’ouvrage de l’Abbé Castel.

10 – Prat Youen, Croas Sant Yann. (VC 9 / parcelle ZB 43)

C’est un calvaire ancien en granit de cinq mètres de haut qui a été restructuré sur trois degrés vers 1860. Son troisième degré de soubassement est élevé de manière à pouvoir loger une niche qui accueillait jusque dans les années 1970 une statue de Saint Jean qui a depuis été volée. Le socle est en talon et loge une petite plaque d’ardoise encastrée qui mentionne : «  CROAS YANN 1862 JH MIE DUPONT RR PLOGONNEC ». Le fût est de section octogonale et se rétréci vers le haut. La croix est de section octogonale et supporte un crucifix.

Cette croix se trouvait à l’origine à côté de la chapelle Saint Jean anciennement située à Landibilic (Lan Ti Bili) près de l’actuel rond-point de sortie nord du bourg de Plogonnec. Le calvaire initial signalait la présence de la chapelle ainsi que la présence d’un dispensaire des Hospitaliers de saint Jean de Jérusalem.

11 – Coat Beuliec, Croas Beuliec. (VC 25 / parcelle B 1074)

C’est un calvaire en granit de trois mètres cinquante centimètres qui a été remanié au XIXe siècle. Son soubassement est de base carrée et comporte trois degrés. Le socle est à pans et le fût est rond. Il est surmonté d’un petit chapiteau. La croix est de section carrée et supporte un crucifix aux formes assez frustes. Ce calvaire a été malencontreusement répertorié comme étant de Locronan dans l’ouvrage de Monsieur Yves Pascal Castel. Il est le point d’arrêt d’une des quatre stations majeures de la grande et de la petite Troménie.

12 – Saint-Théleau. (VC 6 – placître / parcelle ZC 43)

C’est un calvaire en granit de quatre mètres de haut du XVIe siècle et qui a été remanié au XXe siècle. Son soubassement est à quatre degrés avec une corniche pour le premier degré qui est assez élevé. Le socle est cubique et à griffes sur le haut. Il est accosté de deux statues géminées et d’un Saint Elo chevauchant le cerf et d’un Christ aux liens. Le fût est à pans avec une console latérale ornée d’un masque de grotesque. La partie haute supporte un crucifix. La tradition locale veut que ce calvaire contienne en sa base un petit menhir ce qui pourrait expliquer son positionnement très proche de la chapelle.

13 – Croaz Yelec / Croix de Guellec. (Chemin de Croas Yelec – C4 / parcelle ZN 21)

C’est un calvaire en granit d’environ cinq mètres de haut de 1862. Sa base plus ancienne est cubique et à trois degrés et comporte l’inscription : « M : I : LE GVELLEC P » avec à côté un calice. Il comporte en plus une seconde inscription sur une petite plaque : « CROAZ S. ANTON 1862 JH MIE DUPONT PSON PLOGONNEC ». Ce calvaire a été consacré lors de la mission de 1862. Il a été référencé malencontreusement sous le nom de Keradennec dans l’ouvrage de l’Abbé Castel.

14 – Croaz Trevanec. (Traverse de Ty-Meur au Poulley – VC 56 / parcelle ZN 40)

Ce calvaire de granit est assez insolite par sa petite hauteur. Il se compose d’une base carrée d’environ deux mètres sur deux mètres, avec quatre degrés et un socle carré qui comporte la date de 1838. Celui-ci accueil un crucifix aux branches retranchées et pommetées qui est du moyen-âge. Manifestement le fût de ce calvaire a disparu ce qui explique sa disposition actuelle.

15 – Saint-Albin. (VC 1 – placître / parcelle ZS 47)

C’est un calvaire en granit de cinq mètres de haut XVIe siècle. Le soubassement est à trois degré sur une base carrée. Le fût est rond et supporte sur socle d’un côté un crucifix et de l’autre une Vierge à l’Enfant couronnée d’un cercle d’hermines. Ce calvaire avait été démonté lors de l’agrandissement de la chapelle en 1951 et ses éléments supérieurs avaient alors été enterré dans le leurger, au sud de la chapelle, jusqu’à son rétablissement au début des années 1990 où il a été malencontreusement reconstruit à l’envers. Aujourd’hui le Christ est placé vers le soleil levant au lieu de vers le soleil couchant.

16 – Creac’h Manac’h. (VC 1 – Chemin de Creac’h Manac’h / parcelle ZS 9)

C’est un calvaire en granit à deux degrés d’environ deux mètres cinquante de haut. Son socle est cubique et comporte sur le chanfrein l’inscription suivante : « PATER AVE 20 DEVEZ INDULGENCOU 1900 ». Le fût est à pans et surmonté d’un chapiteau. La croix est en forme de branches rondes écotées et supporte un christ. Ce calvaire fait échos à la base de calvaire de la ferme de Pont Quéau.

17 – Seznec / Treguron. (VC 38 – placître / parcelle YL 100)

C’est un calvaire en granit classique de 1641, œuvre de Roland Doré. Son soubassement est carré et à trois degrés. Le socle est à pans et comporte l’inscription suivante : «  MORS FIT VITA ITERNVM VICTRIX — CORNIC » (La mort devient la vie éternelle par cette victoire). Le fût est à pans et le croisillon à culots comporte l’inscription suivante : «  MISSIRE G TOVLGVENGAT RECTEVR POVR LORS. M.F. SEZNEC CHAPALAIN. 1641 ». Il est orné de statues géminées avec une Vierge adossée à un évêque et Saint Jean adossé à un évêque. La croix est terminée par des fleurons-boules godronnés et est accompagnée des anges au calice, d’un crucifix et d’un Christ lié. Il a conservé sa trinité.

18 – Treunot, Croas ar Vossen. (D 39)

C’est un calvaire en granit de quatre mètres cinquante centimètres du XVe siècle. Son soubassement est de base carrée et comporte trois degrés. Le fût est rond et écoté. Il supporte une croix à branches rondes avec d’un côté un crucifix et de l’autre une Vierge de Pitié. Le fût écoté évoque la peste bubonique qui a dû s’arrêter de l’autre côté du Steïr Penn Odet qui coule juste en contrebas. Ce calvaire a été légèrement reculé lors de l’élargissement de la route départementale dans les années 70.

19 – Kervao. (VC 23 Chemin de Kervao)

C’est un calvaire en granit d’environ quatre mètres de haut. Son soubassement est à deux niveaux. Le socle carré comporte l’inscription suivante : « CROAZ KERVAO 1861JH MIE DUPONT PSON PLOGONNEC ». La croix est de section octogonale avec un crucifix. Ce calvaire a été foudroyé après la seconde guerre mondiale. Son fût originel n’a été remis en place qu’au début du XXIe siècle moyennant une astuce de montage.

20 – Chapelle de Notre-Dame de Lorette. (VC 7 / parcelle YM 86)

Cette croix en granit est assez originale en autre de la part de ses dimensions réduites. Elle repose sur une base de pierre percée. C’est un quadrilatère encoché qui depuis un certain temps siège près de l’actuelle chapelle mais qui en réalité ne s’y associe pas. Le vrai calvaire de la Lorette se situait près du pont, tout comme la chapelle. La base de ce calvaire se retrouve remisée à ce jour dans une pièce de terre sise à mis course après le pont et le virage d’amorce du pont.

21 – Rubihan, Croas l’Hospital. (D 63)

La croix de la chapelle de saint Corentin se situe sur la route de Quimper à Crozon, à droite quand on vient du bourg. Elle a été légèrement déplacée de deux à trois mètres en retrait de la route à la fin du XXe siècle et a été très malencontreusement jouxté d’une station technique de contrôle de la qualité de l’air. Cette croix en granit a un soubassement circulaire monolyte. Elle est elle-même monolyte sur une section carrée avec des branches pâtées selon le dessin typique de celle des Templiers. Elle est chargée sur sa face orientale d’une croix pâtée gravée. C’est une ancienne croix des templiers qui avait en ce lieu un dispensaire qui dépendait de leur établissement d’Ergué-Gabéric.

La tradition locale fait état de l’existence d’une petite croix ancienne dans la trêve du Goulit, au bord de la RD 39, qui aurait disparu depuis au moins deux siècle, ce qui a valu quelques quolibets à ses habitants jusqu’à la construction de l’actuelle Croas Boulic en 1871. A cela il faut rajouter deux autres bases de calvaires anciens : celle de la ferme de Kernescop (RD 39 / parcelle YX 46), celle de la ferme de Pont-Quéau (VC 135 / parcelle YE 56).

Cet ensemble de calvaire répond à un maillage de la paroisse sur le plan religieux. A chaque étape de leur réalisation, ces édifications ont répondu à une foi sincère locale.

André Bozec.

Sources :

Y.P. Castel, Atlas des croix & calvaires du Finistère, Société archéologique du Finistère, 1980.

André Bozec, observations personnelles sur le terrain.

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Le tableau des Croix et Calvaires de Plogonnec



Croix

Calvaire

Date

Route
Foncier
Parcelle


Régime
1St Thurien~1860AB77Commune
2St ThurienAB77Commune
3St ThurienAB77Commune
4Cimetière1877DouarnenezAC135Commune
5Bleon1305RD39 &59AA89Commune
6Kernescop1862RD39VoierieDépartement
7St Pierre~1596VC91XA120Privée
8Boulic1871RD39XA195Privée
9Kervec1862VC20XC162Privée
10St Jean~1860VC9ZB43Privée
11BeuliecVC25B1074Privée
12St TheleauVC6ZC43Privée
13Yelec1862C4ZN21Privée
14Trevanec1838VC56ZN40Privée
15St AlbinVC1ZS47Commune
16Creac’h Manac’h1900VC1ZS9Privée
17Seznec1641VC38YL100Privée
18Treunot~1472D39VoierieDépartement
19Kervao1861VC23VoierieCommune
20La LoretteVC7YM86Commune
21Hospital<1217D63VoierieDépartement

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