Photo Archives Départementales du Finistère.
L’implantation du bourg primitif de Plogonnec n’est pas le fait du hasard. Elle résulte de deux causes, l’une géographique et stratégique, l’autre religieuse.
Le bourg primitif de Plogonnec se trouve être placé sur le sommet d’un mamelon de relief orienté est-ouest. Ce mamelon fait un peu promontoire. Il n’est relié sur le plat que de son côté ouest. Au nord, à l’est et au sud il est ceinturé, à l’origine, par des marais. Ces marais forment une protection d’accès vers le bout de colline qui ne reste directement accessible à pied sec que par l’ouest. Au petit matin, pour accéder à pied sec au bourg l’on passe par le côté ouest, mais l’on se retrouve aussi avec le soleil dans les yeux. C’est là une autre astuce de défense.
Toutefois, l’on ne peut pas dire que le vieux bourg ait été fortifié. L’autonomie de défense est possible grâce aux puits. Du côté nord, la forte déclivité au-dessus du marais de Lostic-Moor se suffit à elle-même pour contrer un assaut. Sur les flancs est et sud, au deçà des marais, la pente permet de balayer large en vision et de réagir assez librement avec des armes de jet. Reste le côté ouest, sur le plat. Il n’est pas impossible qu’un simple fossé assez profond ait suffi en défense.
Au-delà de l’aspect défensif, le site de l’église de Saint Thurien a sans doute été un lieu de culte préchrétien comme le laisse supposer la présence d’un premier menhir christianisé enchâssé dans le mur d’enceinte du placître et d’un autre cannelé sur ce même placître. Ces deux menhirs ont été depuis déplacés suite à divers travaux d’aménagement, mais ils ont toujours été présents en ces lieux.
Le culte préchrétien devait être consacré au dieu gaulois Taranis. Il est l’époux du jour de la déesse mère qui a en plus le dieu Cernunos comme époux de la nuit. Ce lieu de culte s’articule dans un ensemble qui comprend l’actuel lieu de culte de la chapelle de Saint Elo (pour Cernunos), le bourg (pour Taranis), Saint Egonnec (pour la fontaine de la déesse mère), et avec en complément l’ancienne allée couverte de Toul ar gramp zu sur la route de Guengat, et le cromlec’h de Kador Sant Elo sur les hauteurs de Guinorvan en Guengat.
L’on ne dispose d’aucune preuve historique et archéologique de l’existence du vieux bourg de Plogonnec avant le XVIIIe siècle. Le placement d’une église n’implique pas d’office l’existence d’une agglomération. Toutefois, dans le cas de Plogonnec il y a fort à penser qu’il devait y avoir un groupement de maisons autour de l’église dès le XIIIe siècle.
André BOZEC