La première mairie de Plogonnec

De la Fabrique à la Mairie…
La mairie aujourd’hui.
Le Conseil de fabrique.
Les séances du Conseil.
L’ère municipale.
Le secrétaire de mairie.
Les nouveaux défis.

La mairie aujourd’hui
L’actuelle mairie de Plogonnec a fait l’objet d’une importante rénovation durant le premier semestre de l’année 1991. La nouvelle structure des volumes a été réalisée à partir des travaux architecturaux de Madame GARREC. Elle traduit une nouvelle approche du fonctionnement d’une municipalité à la fin du 20ème  siècle. En 2013, l’ensemble a été étendu sur l’ancienne partie postale et a intégré les conditions d’accès pour les personnes handicapées.       

 Le bâtiment actuel a été construit au début des années soixante, plus exactement sur un permis de construire de 1961, avec des travaux qui ont duré jusqu’en 1962. Il jouxte à mêmes proportions du côté Est, une Poste établie dans un immeuble municipal. A son origine, la distribution intérieure des pièces est assez élémentaire. Au rez-de-chaussée, un couloir dessert à gauche une pièce avec un guichet d’accueil pour le public, au fonds la salle du Conseil et tout de suite à droite en entrant une petite pièce pour recevoir le public en tête à tête, ou pour servir de dispensaire pour les campagnes de vaccination. Au fond, coincé entre l’accueil et la salle du Conseil se trouve le bureau du maire. L’ensemble est assez froid, avec de grandes fenêtres et un revêtement de sol assez pisseux. A l’étage loge le secrétaire de mairie.En 2013, pour des raisons fonctionnelles, et du fait du déplacement entre temps de la Poste dans l’ancienne école publique située à l’arrière de la mairie, il a été procédé à la fusion complète des deux structures qui depuis l’origine a relevé d’un seul bâtit.         

 Avant cela, la mairie s’est trouvée au même endroit dans un bâtiment bien plus petit construit au milieu du XIXème siècle.Mais avant la construction de celui-ci, où donc a siégé le Conseil municipal et où est établie son administration ?En fait, pas très loin, et plus exactement en face, de l’autre côté de la rue, en l’église paroissiale, au dessus du porche !

Le Conseil de fabrique.       

 La première instance d’administration de Plogonnec a été son Conseil de fabrique. Cette structure est à vocation mixte. Son origine est essentiellement religieuse parce que indissociable de la création de la paroisse. En même temps, le système féodal s’étant fréquemment calé sur l’entité paroissiale pour fonctionner, le Conseil de fabrique a aussi servi d’interlocuteur dans l’administration temporelle du territoire.       

 Ce Conseil de fabrique est constitué par cooptation sur la base d’une représentation par fréries, localement appelées trêves. A Plogonnec, ces « trêves » sont au nombre de huit :1°) Treo ar Vourc’h / Trêve du Bourg, qui couvre les alentours du bourg.2°) Treo Kerdanguy / Trêve de Kertanguy, qui se situe immédiatement à l’ouest du bourg après Kroaz Bléon et avant Treo ar Goulit.3°) Treo ar Goulit / Trêve du Petit Trou qui suit à l’ouest la précédente après le calvaire du Goulit.4°) Treo ar Loretta / Trêve de la Lorette qui commence au sud de celle du bourg en deçà de Kroaz Hospital et se répartit au-delà de Kervao de part et d’autre de la voie romaine de la Lorette.5°) Treo Seznec-Treguron / Trêve de Seznec-Trois couronnes qui se distribue de part et d’autre de la route entre le Croéziou et le pont Iven vers Kerfeunteun.6°) Treo Sant Alc’houen / Trêve de Saint Albin qui globalement comprend toute la partie Est de la route ancienne partant du pont Quéau jusqu’à Keretz et très légèrement à l’ouest sur les premières fermes.7°) Treo Sant Elo / Trêve de Saint Elo qui part des hauteurs de Menez a Horn, à partir du lieu où l’on place la hutte de Saint Thurien sur le parcours de la grande Troménie jusqu’à Keretz au nord et vers le sud immédiat de la route entre Plogonnec et Landrévarzec avec un dévers d’angle extrême sud-est jusqu’à Keroualc’h ar Gorré.8°) Treo Gilien / Trêve de Killian qui garde le reste au centre de la paroisse, depuis Kroaz l’Hospital à l’ouest jusqu’au moulin de Keringar à l’est.        

Sur le principe, point de notion de démocratie. On essaie d’avoir une représentation si possible équilibrée des familles des grands tenanciers fonciers de la paroisse. Entre ces gens de bon aloi, il est procédé de manière assez informelle à la désignation d’un chef qui prend le titre de syndic. Dans les faits, c’est un gouvernement par les anciens (brammer koz), de nature foncièrement conservatrice, qui n’est pas sans lien avec celui des noichtierns de la Bretagne primitive.      

  Sur le plan religieux, ce conseil ne se mêle naturellement pas des questions théologiques ni casuistiques. Par contre, il est incontournable pour tout ce qui touche aux édifices religieux de la paroisse et au logement du clergé en place. Le recteur de Plogonnec, personnage de premier plan localement, doit bien souvent composer avec cette instance qui, toute endormie qu’elle puisse paraître, peut à l’occasion se montrer madrée et retorde.      

  Sur le plan laïc, ce conseil a déjà toutes les prérogatives et obligations des futurs conseils municipaux. Trois grands thèmes dominent dans son action : les levées d’impôts, l’entretien des chemins, l’entretien des équipements à l’usage collectif de l’époque.       

 Les levées d’impôts relèvent du droit féodal et se font essentiellement en nature : grains, fibres de lin, bois coupé, volailles et œufs. Le conseil de fabrique n’a pas de compétence directe en la matière, mais il intervient au moins dans deux cas : pour le recouvrement et l’usage de la dîme, allant même contrarier les prétentions des recteurs sur le plan financier, et pour la levée de tous les autres impôts féodaux en se faisant le porte-parole de la communauté pour obtenir des remises ou des rabais lors des mauvaises années agricoles. Du temps de l’indépendance bretonne, le conseil intervenait indirectement dans l’établissement de l’assiette du fouage en fournissant l’essentiel des témoins des enquêtes de réformations de la noblesse.     

   Pour l’entretien des chemins et des ponts, le conseil a normalement une pleine compétence en la matière, sauf s’il existe localement des droits féodaux spécifiques. C’est à lui qu’il revient d’organiser les corvées d’entretien et de réparation, et d’en supporter les frais. En conséquence, les chemins sont toujours en piteux état et les réparations se font souvent attendre (amzer zo) car naturellement le plogonniste rechigne tant à payer que d’aller lui-même boucher les ornières et curer les fossés.      

  L’entretien des autres équipements d’usage collectif lui revient aussi. Il y a d’abord l’église paroissiale et son cimetière. C’est là bien souvent l’occasion de conflits avec le recteur. Vient ensuite l’entretien des chapelles et de leur fontaine ainsi que des calvaires. A l’occasion, le conseil peut être assisté financièrement par les confréries locales. Il peut y avoir aussi l’entretien de la petite place du marché, du lavoir, du bassin à rouir le lin, et de telle ou telle maison dont il aurait hérité comme la maison des sonneurs sur Menez ar Horn, où encore de telle parcelle de terre comme le Park ar Justis jouxtant le Ty Neyou dans l’actuelle rue des Fleurs. L’on y pendait à l’occasion les sujets qui avaient écopé de cette condamnation.

Les séances du Conseil.  

      Le Conseil de fabrique de Plogonnec tient ses séances dans un local spécifique situé dans l’église paroissiale. Ce local existe toujours et bien des plogonnistes y passent devant sans se douter de sa présence ! Il est situé juste au-dessus du porche, ce qui veut dire qu’il existe depuis 1581. Aujourd’hui l’on y accède par une trappe dissimulée dans le lambris de l’église, mais à l’origine l’on devait y accéder par un escalier intérieur, comme il en existe encore un dans l’église de Guengat.     

   La pièce, peu élevée et de modeste dimension, peut bien recevoir une douzaine de personnes. Le pignon du porche étant aveugle d’origine, la pièce doit être éclairée par le toit avec deux fenêtres en chien couché, l’une du côté Est, l’autre du côté Ouest. Dans la charpente se trouve toujours la poulie qui a soutenu le sac de lin dans lequel sont rangés les documents des affaires en cours de traitement (d’où l’expression française « affaire en suspens » pour désigner un dossier sur lequel l’on n’a pas encore statué). Une armoire doit nécessairement conserver les actes du conseil.      

  Lors de la suppression des conseils de fabrique en 1789 et leur remplacement par les municipalités, rien dans les faits ne change alors à Plogonnec. On a donc fait  avec les mêmes hommes et au même endroit. Seule l’étiquette change. Ainsi, René LOUBOUTIN, dernier syndic en titre, revient siéger le mois suivant à la même place avec le chapeau de maire (il n’y a pas encore d’écharpe).        

Durant la révolution, le Directoire de Plogonnec siége dans ce même local, du 03 frimaire an IV (24 novembre 1795) au 12 nivose an VIII (02 janvier 1800). Durant cette période des assemblées populaires se tiennent à diverses reprises dans l’église elle-même, comme cela s’est déjà fait  sous l’ancien régime, selon la nature de l’affaire à débattre ou de l’écho que l’on souhaite lui donner. Pour les gens de cette époque un tel usage du lieu de culte n’a rien de choquant. L’on y a sans doute tenu maintes réunions. Et à l’occasion la place a pu servir de tribunal. En relais à cette fonction un culte républicain à l’esprit de la Nation est mis en place et l’ancienne pierre sommitale de l’ancien clocher central de l’église de Plogonnec est probablement utilisée comme autel. Cette pierre architecturale se trouve aujourd’hui placée près de l’if sacré de l’enclos, là où l’on a enterré les enfants mort-nés et à de rares occasions des individus déclassés socialement, tel l’ancien recteur Le Hars, qui a accédé à l’enceinte sacrée sans passer par le rite religieux.

L’ère municipale.    

      Avec l’empire napoléonien et le retour à la monarchie, rien n’est modifié quant à l’utilisation de ce lieu de réunion. Entre temps, les mentalités et les moyens évoluent. En 1841, le terrain situé juste au Sud de l’église est acquis par la commune pour y établir à un bout la toute première mairie, et à l’autre le presbytère. Chacun de son côté et l’on ne se connaît plus ? Pas si sûr. Pendant bien longtemps encore le Conseil municipal est  la quasi réplique du bureau des marguilliers*.    

    Le bâtiment municipal de 1841 n’étant pas grand, les séances du conseil se tiennent toujours sans doute au-dessus du porche de l’église, tout comme le bureau des marguilliers. La construction de l’école communale des garçons, derrière la mairie, donne au Conseil municipal un nouveau lieu de réunion. L’action d’Henry Marie DAMEY, futur maire, y est sans doute pour beaucoup.    

    Avec la guerre de 14-18, le ronron de l’administration municipale va quelque peu se modifier. De nouvelles compétences administratives apparaissent du fait de la guerre : suivi de la situation juridique des personnes mortes pour la France et de leurs ayants droit, suivi de la procédure des disparus au cours des combats ou qui n’ont pas voulu rentrer chez eux après la guerre, débuts de l’aide sociale qui jusqu’alors relevait de fait de la vie paroissiale.

Le secrétaire de mairie.   

     Le secrétariat de la mairie à l’origine incombe intégralement aux membres du Conseil municipal. Bien souvent cette mission revient aux citoyens DAMEY élus au conseil. Avec l’augmentation des procédures, il est nécessaire d’y consacrer une personne à temps plein. Dans les faits, l’épouse du maire de l’époque, Marie Louise Caroline VINCENT, Dame DAMEY, dénommée aussi en breton du peu gratifiant surnom de « Sparfel goz / le vieil épervier » fait fonction « de facto ». Les femmes de Plogonnec s’approchent ainsi pour la première fois de l’édilité.    

    Madame DAMEY seconde ainsi son mari de septembre 1914 jusqu’au 15 juin 1919. Entre temps, l’intérêt de cette fonction apparaît enfin comme nécessaire au Conseil. Dans sa grande largesse, il daigne condescendre à la grâce magistrale d’avoir un secrétariat ! Voilà donc quelque chose de bien nouveau et qui de plus coûte cher ! Une nouvelle époque s’annonçe.    

    Il a bien fallu toute la roublardise d’un Henry Marie DAMEY pour faire accepter le principe d’un embryon d’administration à Plogonnec ! Qui plus est, « an Aotrou Maer », bien souvent absent de la commune pour siéger en son tribunal de Rennes, est ainsi assuré d’une certaine continuité du service public. Hélas, cette continuité ne vient pas tout de suite. Au moment du choix d’un secrétaire, le Conseil municipal ayant bien vu la manœuvre, porte son choix sur la personne de Monsieur Joseph Le FLOC’H, du bourg (actuelle maison l’HELGOUARC’H), gravement atteint d’une tuberculose, et qui fait tout juste figuration. La supposée « administration municipale » va à vau l’eau.    

    Monsieur le Maire, juge d’instruction, bien secondé par Monsieur Jean Marie COADOU du Vern, trouve une habile parade. Les nouvelles obligations administratives de la municipalité exigent de fait désormais une permanence d’accueil et de traitement des cas. Seule une personne ayant à la fois la confiance du public, une bonne pratique des langues bretonne et française et une bonne maîtrise de l’écriture est à même d’assurer ce tout nouveau service public dont le conseil d’alors s’évertue à ne pas en accepter l’existence.   Comme bien souvent dans nos campagnes, la solution ne vient pas d’une assemblée plénière de notables englués dans leurs stricts petits intérêts personnels mâtinés de délégation publique, mais d’une simple discussion de comptoir entre Monsieur le Maire Henry Marie DAMEY et l’un de ses plus proches voisins, Hervé BOZEC, cafetier sabotier au bourg de Plogonnec. Ce dernier a une de ses filles, prénommée Cécile, qui a de très bonnes dispositions pour l’écriture. Madame l’institutrice de l’école des filles vient confirmer le fait.    

    Convocation est faite à la demoiselle de bien vouloir se présenter un jour à quatorze heures à la mairie, devant « an Aotrou Maer ». L’examen de passage est des plus simples. Tout est en vrac dans la mairie ! Monsieur le Maire s’avise auprès de l’impétrante de ce qu’il convient de faire en une telle situation. « Un grand coup de balai et un peu de classement » lui répond-elle. Et ainsi fait. L’administration municipale de Plogonnec vient de naître.   

     Pour la forme, il est nécessaire de glisser un peu sur le règlement car Mademoiselle Cécile BOZEC est encore mineure. C’est donc son père, Hervé BOZEC, qui est officiellement recruté comme secrétaire de mairie, (je crois savoir qu’il savait à peine écrire) du 01 avril 1921 au 05 avril 1925. De fait, sa fille est en place ; et cela ne se fait pas sans douleur ! Vous pensez donc, une femme pour remplacer Monsieur le Maire qui n’est là que pour organiser quelques chasses à courre en son bois de Névet avec Monsieur le Préfet et Monsieur le Conseiller général ! Mais ainsi vont les affaires publiques qui bien souvent se résolvent bien mieux devant un bon repas et un coup de lambic.    

    Sous le mandat de Monsieur Henry Marie DAMEY, le service public de la commune va réellement prendre corps, après celui du fossoyeur ! Entre temps, le Conseil municipal vient à résipiscence. Il y a désormais une bureaucrate à la mairie, et ce pour le service de tous ! Mademoiselle Cécile BOZEC va tenir sa fonction officiellement du 05 avril 1925 au 01 juin 1966. Durant la seconde guerre mondiale, il lui revient bien des fois d’assurer de fait la direction de la commune, de par la regrettable abstention du maire titulaire. Ainsi lui échoient les rôles de réquisition, de négociations avec l’occupant et la milice, les conflits avec les prétendus résistants locaux plus enclins aux pillages qu’à de réelles actions défensives.   

     Entre 1944 et 1945, la Délégation spéciale municipale, sous la direction de Monsieur Charles DAMEY,  va chercher à mettre hors de fonction Mademoiselle Cécile BOZEC, mais au final ça va être l’inverse qui aboutira car la secrétaire de mairie est depuis 1941 une membre active d’un réseau de résistance britannique. L’avènement  le 06 mai 1945 de Monsieur Jean Louis PHILIPPE, paysan de Staven, va tourner cette page très ambiguë de la vie municipale de Plogonnec. Le 26 octobre 1947 est élu maire Monsieur Hervé Le FLOC’H, commerçant au bourg. La commune reprend son rythme lent d’avant la guerre.    

    A l’heure tardive d’une retraite bien méritée, Mademoiselle Cécile BOZEC est remplacée le 01 juin 1966 par Monsieur Jean PRIMOT, enfant de Guengat, . C’est alors l’époque de l’entrée progressive de Plogonnec dans la société de consommation. La magistrature bienveillante d’un Hervé Le FLOC’H se poursuit. Une secrétaire, plus spécialement chargée des affaires financières, est recrutée en renfort.    

    Puis est élu comme maire Monsieur Jean PHILIPPE, commerçant et cafetier au bourg. Ce dernier souhaite dynamiser le bourg par une politique de construction d’habitats. Mais la machine s’emballe. Il ne suffit pas de construire et de loger. La nouvelle population est aussi demandeuse d’un certain nombre de services publics en parallèle, dont entre autre une école publique. Du fait du cours parfois très subtil de l’histoire, il se trouve qu’alors le bourg de Plogonnec n’est plus équipé en école publique. Par contre, deux écoles confessionnelles tentent de fonctionner au gré des courbes démographiques déjà déclinantes. Ajoutez à cette base un peu de sectarisme idéologique et une exploitation politique de part et d’autre, et l’on aboutit très vite au blocage. 

   L’école publique va rouvrir en 1976 dans des bâtiments provisoires sous la protection des gardes mobiles, mais ce jour là, contrairement au jour des inventaires de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1906, il n’y aura pas de ruches opportunément lancées pour contrer la force publique. Le maire y perd beaucoup d’autorité et ce dossier va hypothéquer lourdement son second mandat.      

    L’année 1983 voit du changement à tous les niveaux. Monsieur Jean PRIMOT, secrétaire de mairie sortant, quitte sa charge pour exercer la fonction de Maire à Guengat. Il est remplacé par Monsieur Stéphane POMIER, originaire de Guiscriff. Le nouveau maire est Monsieur Jean Marie DOUERIN, paysan de Kertanguy. Il hérite des lourds contentieux en cours. Il lui revient d’apporter, bon gré, mal gré, les justes remèdes. Entre temps, la société plogonniste évolue à grands pas. Les femmes font leur première entrée au Conseil municipal. Un virage va s’amorcer sur le plan politique avec la fin de la prépondérance de la représentation paysanne au sein du conseil. De plus, l’administration municipale doit s’élargir entre temps pour répondre à ses nouvelles obligations.  

Les nouveaux défis.   

     Le 25 mars 1989, l’avènement comme maire de Monsieur Jean René HASCOËT, paysan à Keryacob, n’est en fait que la consécration d’une déjà longue carrière politique locale. Ce dernier est déjà premier adjoint depuis bien longtemps. Son ouverture d’esprit, reconnue de tous, lui permet de poursuivre les adaptations en cours avec plus de sérénité. L’administration municipale n’est plus simplement une affaire de notables. Elle est désormais une activité à plein temps relayée par des professionnels que des susceptibilités antérieures ont bien souvent remisés au second plan, au risque d’un enlisement chronique.   

     Le bon choix politique du moment est l’adhésion de la commune au groupement intercommunal du Pays de Quimper. La complexité et le coût des nouvelles obligations communales ne peuvent réellement se traduire efficacement que par le relais d’une telle instance. Certes, Plogonnec s’éloigne de la sorte de son chef lieu de canton de Douarnenez, mais les nouvelles réponses aux très nombreux problèmes du moment sont plutôt du côté de Quimper. La baisse de la démographie, la crise de l’activité agricole, et le quasi blocage de la politique de construction sont des données lourdes de conséquences au terme de ces deux mandats. Entre temps, l’outil administratif et technique municipal continue à s’adapter. Les équipes s’étoffent progressivement et les outils de travail et de gestion sont modernisés. Enfin, la mairie elle-même fait peau neuve ; il en était bien temps !  

    Le 17 mars 2001, Monsieur Jean Yves HENRY, de Bascam, est élu maire. Une nouvelle génération est aux commandes. Les femmes, pas uniquement pour des questions de quota légal, sont bien présentes au Conseil municipal. Cette magistrature toute récente est déjà une étape dans la vie de Plogonnec. De par sa composition, le conseil n’a jamais été autant représentatif de la nouvelle société plogonniste. Les salariés y sont désormais majoritaires. Mais les paysans qui restent la première force vive de la commune y sont toujours présents et entendus. Enfin, les retraités, de plus en plus nombreux, sont également représentés.Le 11 mars 2008, Monsieur Christian KERIBIN est élu maire. Cette nouvelle équipe reste à la fois dans la continuité de la précédente, mais sait aussi s’ouvrir aux nouveaux défis de gouvernance et d’administration.  

      Au-delà des questions partisanes, cette municipalité doit répondre aux nouvelles exigences du temps. Jusqu’à ce jour, Plogonnec a su sauvegarder son caractère agricole qui reste son atout principal. En même temps, sa grande proximité de la ville de Quimper lui fait courir le risque d’évoluer en cité dortoir. En matière d’activité commerciale un minimum d’équipements commerciaux s’est maintenu et une grande surface commerciale est devenue un point fonctionnel de fréquentation. L’artisanat s’est lui aussi maintenu et adapté. De nouveaux équipements collectifs ont été mis en place, l’assainissement est en place, la voirie n’appelle plus de grandes restructurations. Se pose le problème du financement de tous ces services et équipements dans la durée, avec une démographie déclinante et des rentrées fiscales gagées sur une activité économique qui reste stagnante.   

      En 1581, nos vénérables ancêtres ont commencé à se rassembler au-dessus du porche de notre église pour délibérer des affaires de gouvernement de la communauté paroissiale. Pour les inspirer, ils ont eu en plus le voisinage protecteur et bienveillant de Sainte Anne et de Sainte Clotilde, images de vertu et de sagesse. Entre temps, ce lieu en a vu et entendu de belles !    

    Aujourd’hui, ces questions se traitent de l’autre côté de la rue, sous les regards d’une Marie-Anne pulpeuse et d’un léopard morné de Névet, symboles de générosité et de puissance contenue. Les problèmes à débattre restent bien souvent du même ordre que quatre siècles auparavant, et le temps pour y répondre a su conserver le rythme bien particulier à ce terroir.
 

*marguillier : membre du Conseil de fabrique d’une paroisse.

André Bozec