CANTON DE PLOGONNEC
Commune De Plogonnec
Les administrateurs municipaux de Plogonnec
A tous les administrés de la section de Quillien.
Chers concitoyens,
Vous ne jouissez plus de cette paix salutaire qui fit toujours le bonheur des cultivateurs. Vous voyez avec douleur les horreurs qui sont commises chez quelques-uns de vos concitoyens, vous craignez continuellement que la même chose ne vous arrive. Votre crainte est bien fondée ; ces hommes barbares qui désolent vos campagnes, qui volent, brûlent et coupent des membres à ceux qui ont le malheur d’exciter leur soif criminelle. Vous n’avez qu’un moyen de calmer vos alarmes et de recouvrer votre repos, puisqu’on ne peut découvrir ces destructeurs du genre humain ; c’est de vous réunir, de vous faire surveiller la nuit par un nombre d’hommes armés, et de faire voir à ces scélérats que les Français libres ne laissent pas violer impunément le respect dû à la personne et à la propriété ; c’est d’arrêter ou de faire arrêter tous les vagabonds que vous rencontrerez. Ils vous voient le jour pour faciliter leurs projets nocturnes. C’est ainsi que vous chasserez du canton quiconque voudrait troubler votre repos. C’est ainsi que l’on connaîtra les auteurs des excès qui se renouvellent tous les jours et qu’on leur fera subir la peine due à leurs crimes. Réunissez-vous donc, chers amis de la paix. Tâchez de vous la procurer cette paix chérie, par les moyens que nous vous proposons. Elle vous dédommagera des moments que vous donnerez pour vous l’assurer. Nous désirons donc qu’il y ait une patrouille par section, et pour qu’il y ait de l’ordre, nous vous proposons Yves Le Grand de Keryacob, pour votre chef. Si vous trouvez un autre parmi vous qui vous convienne mieux que lui, vous le nommerez mais vous nous en donnerez aussi la connaissance. Nous n’avons pas besoin de vous prévenir qu’il faut qu’il sache lire et écrire ; vous vous entendrez tous avec lui au moins une fois par décade pour régler les patrouilles et vous nommerez autant d’hommes que vous croirez nécessaires pour votre sûreté. Chaque patrouille aura son chef particulier qui sera responsable de la conduite. La plus grande union régnera parmi vous et la justice et la Loi seront la règle de votre conduite. Ceux qui seront de service se rappelleront que tous les citoyens de la section se reposent sur eux et qu’ils doivent s’acquitter avec la plus grande exactitude des fonctions qu’on leur aura confiées. Ils garderont le plus grand silence afin de mieux entendre ce qui se passera dans la section. Ils s’assureront bien de ce qui s’y passera avant d’appeler le secours de leurs concitoyens. Il est défendu de tirer un coup de fusil la nuit, de crier, de donner de la corne sauf pour demander du secours. Les patrouilles voisines d’une section quelconque qui apercevront quelque mouvement dans une autre section, tâcheront d’être en force et cerneront cette section de manière à n’en laisser échapper personne. La grande route sera libre à tout le monde, à moins qu’on ne soupçonne méchants ou déserteurs ceux qui y passent. Quiconque voudra tromper la patrouille soit en tirant un coup de fusil, soit en criant, soit en donnant de la corne sera regardé comme perturbateur de l’ordre et puni comme tel. Le chef de la section donnera le mot d‘ordre, les personnes suspectes et les inconnus seront arrêtés et conduits devant lui ou devant le commissaire ou l’agent municipal le plus choisi. On s’en assurera et on les conduira au chef lieu du canton si on le juge à propos et surtout s’ils ne sont pas munis d’un bon passeport. Le chef de chaque patrouille sera tenu de faire tous les matins son rapport au chef de la section, qui sera également tenu d’en instruire l’administration, s’il arrivait quelque chose d’extraordinaire. Nous espérons que tout le monde s’empressera de contribuer à cette mesure salutaire autant qu’il lui sera possible et que personne ne dira qu’il n’a pas besoin d’être de garde.
En l’administration municipale le 16 germinal an 5è
Jean Le Guillou président
Le Faucheur
Com re
G. Le Queau
Jean Legrand agt ml
Agt. Mpal
Par André BOZEC