Patrick : L’évasion (mars 1942)

Journée du samedi 14 mars. 
           Une vague lueur à l’est. Rapidement je rassemble mes affaires, me brosse tant bien que mal et me mets en route. Quelle souffrance, je suis rompu, les membres raides. Les pieds couverts d’ampoules ont de la peine à obéir. Il me reste 7 km à faire pour atteindre Kempen. Petit à petit mes membres s’échauffent, je marche lentement et ce n’est qu’au lever du soleil que j’entre en ville. Peu de monde, des ouvriers ça et là, des gosses qui vont à l’école. Une première fois je me trompe de route et tombe dans un cul de sac. Il faut faire demi-tour, mais voilà qu’en passant devant une cour, j’aperçois une bicyclette. Une minute, j’hésite, je regarde à droite et à gauche, personne. En deux minutes, je suis en selle et me voilà pédalant cette fois vers la frontière.
             20 km me séparent de la Hollande. Mon intention est de gagner maintenant la zone frontière et d’y rester jusqu’à la nuit. En 20 minutes j’atteins le village frontière. De justesse, j’évite le premier poste et me voila, pédalant dans de petits chemins de terre. Il faut agir avec prudence, j’abandonne donc ma bécane et, à travers champs et forêts, je marche vers l’ouest. La frontière n’est plus loin, et j’ai toute la journée devant moi. Je vais essayer de me reposer, car la nuit sera dure. Dans un bois de pins à l’abri de branches mortes, je m’étends et ne tarde pas à m’endormir.
             Lorsque je m’éveille, le soleil baisse déjà, je me secoue et essaie de me dégourdir les jambes, en vain. Je tente de manger quelques biscuits, j’ai soif, soif, mais la nourriture ne passe pas.  Heureusement à mes pieds coule un ruisseau. Quel plaisir de boire de l’eau bien fraîche. Je comprends maintenant les gens qui, dans le désert, feraient n’importe quoi pour boire un verre d’eau. Prudemment, je me suis remis en route. Je marche maintenant dans la neige, je dois faire beaucoup de bruit… Alerte ! Non loin de moi, l’on marche dans la neige, je m’arrête, le coeur haletant. Le bruit se rapproche mais, au lieu de douaniers, c’est une harde de chevreuils qui défile devant moi. Remontant légèrement vers le nord, j’atteins la grand-route de Venlo. Quelque temps, je la longe, mais ce n’est pas très prudent, aussi je me décide à regagner les bois. Il ne s’agit plus de se reposer, il faut s’y cacher et observer les passages en attendant la nuit. Me faufilant de bois en bois, j’atteins enfin la première ligne frontière. Devant moi s’étend une large plaine coupée par une grande route, balayée par des projecteurs, à l’horizon des bois.
             Étendu dans la neige, abrité par quelques branches, j’attends l’heure propice pour affronter les difficultés de la frontière. Il fait presque nuit, les projecteurs se sont allumés. Dans les bois à l’horizon une nouvelle ligne de feux s’est révélée. Sur la route devant moi, les passages se font de plus en plus rares. Un dernier regard à ma boussole pour faire le point et je profite de ce que les projecteurs se soient éteints pour me mettre en route.
             La terre est  très humide, marécageuse par endroit, j’avance rapidement malgré tout, car dans cette plaine, je risque à tout moment d’être aperçu. Enfin, voici les bois qui, tout à l’heure, me bouchaient l’horizon. Voici aussi la 2ème ligne de projecteurs. Eux aussi s’éteignent pour me laisser passer. C’est maintenant un parcours en terrain très dur, des fossés, des montées, des descentes coupées de clôtures, des bois fourrés, sous lesquels la neige glacée craque à chaque pas, risquant à tout instant de révéler ma présence.
             Voici près de deux heures que je marche dans ces bois. Ce sont maintenant des marécages que j’ai devant moi. Dans la boue jusqu’aux genoux, j’avance vers la Hollande que je sens toute proche. Soudain, alerte ! 2 petits feux se dirigent vers moi, j’entends parler. C’est une patrouille. Planqué le long d’un canal que j’ai essayé en vain de franchir, j’attends anxieusement. Heureusement, le terrain est trop dur pour ces messieurs, et ils passent au large, rejoignant la grand-route de Venlo que je longe à une certaine distance.
              Depuis que je suis en route, j’ai passé tellement de clôtures et fils de fer que je crois avoir franchi la frontière, je suis fatigué et mon plus grand désir est d’essayer de ne reposer un peu et de dormir. En vain, sur une butte de terre en plein vent, je me suis étendu, le sommeil ne vient pas. En route de nouveau, traversant routes, bois, aggloméra- tions, marais. Plusieurs fois déjà, je me suis étendu à l’abri du vent, la fatigue se fait terriblement sentir et depuis le premier jour, je n’ai guère mangé. J’ai soif. 
            Plusieurs fois aussi, j’ai refait le point avec ma boussole et, grâce à son cadran lumineux, j’ai pu corriger quelques erreurs de chemin.
Journée du dimanche 15 mars.
              Il doit être 1heure du matin, quand soudain, devant moi, se dresse, au coin d’un bois une longue ligne, sorte de ruban d’acier. Dans l’obscurité, mes yeux fatigués en font une voie ferrée. Serais-je déjà en Hollande ? Car, d’après mes plans, je ne dois pas traverser de ligne de chemin de fer en Allemagne. Je m’approche. Brusquement je m’arrête. Ce long ruban que je voyais dans la nuit, ce sont des barbelés. Cette guérite, prise pour un poste d’aiguillage, n’est autre que la guérite d’un douanier. 
            Heureusement elle est vide pour le moment. Un coup d’oeil me suffit pour me rendre compte que le douanier n’est pas loin. A 200 mètres de moi, j’entends parler et aperçois les lueurs de leur lampe de poche. Je me retire et essaye de passer les fils dans un bois, mais la neige n’a pas fondu, elle craque sous mes pas et j’entends les douaniers parler. Avec leurs lampes électriques, ils fouillent les bois.
              Rapidement, je reviens sur mes pas et,  après avoir pas mal pataugé, je traverse la route de Venlo, non loin du poste dont j’aperçois les lumières, De nouveau, je reviens vers les barbelés. A cet endroit, ils sont infranchissables, je cherche une issue, partout c’est le même fouillis. Et dire qu’à 2 mètres de moi c’est la Hollande
            A tout prix, il faut que je passe. Tête baissée à travers les fils, j’essaie de me faufiler, une fois, deux fois je m’engage. Impossible, une autre fois, je force, je n’ai guère de succès. Au contraire, en essayant de me dégager, je me sens accroché de partout. Comme un poisson pris dans un filet, je me débats. Enfin, après moult essais, après m’être bien déchiré  je finis par me dégager. Je respire, mais mes nerfs sont à bout. Avec tout cela, je suis toujours en Bochie.
               Continuant mes recherches, je retrouve la grand-route et après plusieurs moments pénibles où je sens le découragement en moi, je réussis enfin à escalader la clôture à un endroit où elle est simple. D’un bond je traverse la route qui, à cet endroit forme frontière. Tout est calme. Encore de légers barbelés et c’est la Hollande.
               Toujours à travers champs, je continue à marcher. Il faut éviter les patrouilles. Deux ou trois fois, j’en entends passer sur la route que je longe à une bonne distance. Je suis exténué, le terrain est très accidenté, il faut monter, descendre, escalader les clôtures, éviter de profondes carrières. Parfois, je me couche pour me reposer et trouver un peu de fraîcheur, j’ai soif et n’ai que de la neige pour étancher ma soif.
               Enfin, voici les premières maisons de Venlo, je reviens sur la grand-route pour traverser un cours d’eau. Enfin de l’eau. Goulûment, je me précipite et, sans savoir d’où vient cette eau, je bois, bois, quel délice ! Non loin de là une grange entrouverte, je m’y précipite et, allongé sous une charrette, j’attends que le jour se lève pour continuer na route.
               Il doit être près de 6 heures du matin. Sacoche sous le bras, je traverse Venlo. Charmante petite ville, tout y est calme. Juste quelques personnes se rendent à l’église. Quelque temps, je longe la Meuse dont les rives sont encore couvertes de glace et bientôt, je trouve le pont qui me permet de traverser le fleuve.
               Blérik, faubourg de Venlo, s’étend assez loin ; l’animation est grande. Dans le lointain une cloche annonce la messe de 7 heures. Les gens, en foule, tous en bicyclette, s’y dirigent. A un tournant de rue, la place, l’église, et devant elle, un parc à vélos. En une seconde, mon plan est élaboré. Voici ce qu’il me faut. Au milieu de la foule des fidèles, j’entre dans l’église. La messe commence, je n’ai pas le temps de rester, je sors et, tout naturellement, je m’approche du garage et choisis une bicyclette. Moment d’émotion : le propriétaire, ne va-t-il pas sortir de l’église ? La bicyclette n’est-elle pas cadenassée ? Mais non. En une seconde, je suis en selle et pédalant vers Eindhoven, les kilomètres défilent à une allure inespérée. EindhovenTilburg, deux grosses étapes que je franchis rapidement. La Hollande est charmante. Il fait presque doux, partout des cours d’eau où l’on peut enfin boire à volonté. Je me sens heureux, léger, libre. C’est le plus beau jour de ma vie et tout en pédalant, oubliant la rude étape de la nuit je ris tout seul, essayant de me représenter la tête des gens qui, ne m’attendant pas, vont me voir apparaître.
              Village après village, j’approche du but. Mais maintenant, il y a beaucoup de monde sur les routes. Sur les places des villages, des Hollandais en costume national et quelques boches. Il est maintenant près de midi, le soleil s’est levé. Il fait doux, les oiseaux chantent dans les marais, les vanneaux tournoient dans le ciel. A ce moment, petite alerte : derrière moi un cycliste me piste et, au moment où il me dépasse, j’entends : Franzose. Je ne bronche pas, mon coeur bat peu peu vite. Est-ce un type qui veut m’aider ? Est-ce un boche en civil ? Je n’en pédale que de plus belle. . . 
            Ne pouvant pas me montrer aux populations nombreuses, sur les routes dans l’état où je suis, je décide de faire halte. Une meule de paille, à l’écart dans un champ, s’offre à moi. Je m’y blottis, à l’abri du vent et, en plein soleil, je me chauffe et essaye en vain de manger. Rien ne passe plus…
               En fin d’après-midi, après avoir fait une bonne sieste, je reprends ma bécane et, en route. Pas pour longtemps, car au bout de quelques kilomètres, je suis complètement claqué. Je grelotte de fièvre, un vrai coup de pompe, inutile d’insister. Non loin d’un canal, sur un petit chemin de terre, une nouvelle meule de paille. Rapidement, je m’y creuse un trou et m’y blottis. Nuit claire, mais froide, longue et humide…
Journée du lundi 16 mars.
              Le lendemain, au petit jour, je suis en selle et pédale de nouveau sur les routes droites et plates de Hollande. Le vent est  contraire et l’ardeur manque. Les bornes kilométriques défilent bien lentement les unes après les autres. Vers 9 heures, halte dans un petit bois de pins, en bordure d’un marais. J’y fais ma toilette, me rase, me lave, après avoir cassé la glace des mares d’eau. J’essaye en vain de manger. Juste l’eau sucrée passe. Voilà 3 jours que je n’ai rien mangé. Après m’être réchauffé au soleil, et avoir bu abondamment, je continue mon chemin. Bréda approche, j’essaie de me ressaisir, une nouvelle halte dans un chais ouvert à tous les regards et en plein vent. Glacé, j’en repars rapidement, traverse un terrain d’aviation et trouve un raccourci pour 0osterhout. C’est là, dans une abbaye de Bénédictins, que se trouvent, deux grands-oncles dont  j’attends tout. Enfin un clocher à l’horizon, la terre promise.
              A la première personne rencontrée, je demande : “Padre”. Dans un jargon incompréhensible, avec moult gestes, on m’indique le chemin. J’arrive assez facilement à trouver mais la première porte à laquelle je frappe est le couvent des religieuses. J’en suis quitte pour aller plus loin. Enfin j’arrive à l’abbaye, je sonne et demande : “Le Père Abbé, le père de Puniet est-il là ? ” Le portier me regarde avec des yeux effarés : “Au ciel” me répondit-il. “Le père Pierre de Puniet est-il là ? ” “Au ciel aussi”.
C’est un peu beaucoup et, un instant, je me demande si ce n’est pas une partie du monastère. Je finis enfin par me rendre à l’évidence : les deux oncles sont morts. Va-t-on m’accepter ? L’heure est grave. Après avoir cru être arriver au but, je me sens complètement désespéré. Vais-je être obligé de reprendre la route ? Au père Hôtelier, j’explique mon cas et donne ma qualité de neveu de l’ex père Abbé. Longues hésitations, palabres. Enfin on me fait asseoir pendant que l’on va consulter le père Abbé.
               Une demi-heure dans un parloir glacé, j’attends… Enfin, la porte s’ouvre et l’on m’annonce que l’on me gardera cette nuit et que, pour le lendemain, on me donnera quelques explications…
Un père français vient, et, en attendant le dîner, nous bavardons. C’est la première fois depuis deux ans que je parle à un Français libre. Je me trouve bientôt pour le dîner dans un immense réfectoire, seul à la table d’hôte, sale, crasseux, les habits en loque, une barbe hirsute. Je sens que tous les regards sont tournés vers moi. Dîner abondant, auquel je ne peux toucher : rien ne passe ou difficilement. Après une demi-heure dans une atmosphère de conte de fée, arrivant à grand peine à réaliser ce qui m’arrive, le père Abbé vient me voir et me remet entre les mains de 2 ou 3 pères débrouillards, qui se mettent au travail pour moi. Pendant que l’on me prépare un lit, les uns vont chercher des cartes, les autres, des vivres, un guide, des habits propres.
Journée du mardi 17 mars.
                Après une bonne nuit dans un lit, chose que je n’ai pas connue depuis le 9 mai 1940, les préparatifs reprennent activement, habillé avec les habits d’un frère convers : pantalon, veston, manteau bois de rose. Après des adieux émus je quitte avec regret, ces pères qui m’ont si bien traité et que je me propose d’aller revoir sitôt la guerre finie.
                Escorté d’un jeune étudiant, monté sur ma lourde bicyclette, j’ai repris la route sous la pluie, route glissante, encombrée de boches. Deux bonnes heures de trajet et j’arrive dans une ferme à quelques mètres de la frontière. Le fermier, genre vieux contrebandier, part en reconnaissance avec son chien. La route est libre. Je le reconnais au signal convenu, je quitte mon guide et, “plein gaz” par un petit chemin de terre. Je quitte la Hollande et me voici en Belgique.
                La première étape est, à quelques centaines de mètres de la frontière, dans une abbaye bénédictine. Un vieux père, auquel je demande ma route, me fait entrer, et m’offre moult verres de vin, du Bordeaux blanc. Quand je reprends la route, je vois double, mais le coeur gai et léger, je pédale sans m’en rendre compte. Les kilomètres défilent rapidement. Un moment, je me perds dans Louvain, une brave dame me remet sur la bonne route. En fin de journée, j’arrive un peu mouillé et à peu près dégrisé à Westmalle, le but de mon étape. J’ai parcouru près de 80 kilomètres sans m’en rendre comte, heureux effet du vin. Cette fois, c’est chez des trappistes que je m’arrête. Un mot de passe, et je suis adopté. Le père Portier est aux petits soins pour moi,  m’installe confortablement, me lave les pieds, me restaure.
Journée du mercredi 18 mars.
               Le lendemain, journée de repos. Malgré la pluie, j’en profite pour visiter la Trappe, bavarder et préparer ma 3ème grande étape : le passage de la frontière belge.
Journée du jeudi 19 mars.               
Muni d’argent belge et français, escorté d’un père visiteur que je suis sans en avoir l’air, je prends le train pour Anvers, puis Bruxelles. A ce moment, je reprends mon autonomie et c’est dans les environs de Blandain que je descends…. Un couvent de bénédictines m’accueille cette fois. En attendant que l’aumônier vienne me chercher, je fais une visite en règle à la Supérieure. Très femme du monde, qui n’a pas l’air de se douter que j’ai faim et que je suis fatigué… Passons…. Enfin, l’aumônier, un jeune bénédictin vient me chercher et me conduit chez mon “passeur”, un douanier belge, très brave type, qui me fait boire du café, de l’alcool et, “pour me faire plaisir”, me fait écouter la radio anglaise. Nouvelle nuit dans un lit.
Journée du vendredi 20 mars.
               A 7 heures, je suis debout, suivant mon guide en gare deV….. (?) près de Tournai, douane boche. Avec quelques détours dans la gare, dans les dépôts et magasins, nous arrivons à passer au nez de ces messieurs. Les autres douaniers me voyant, viennent trouver leur collègue, me croyant une prise. “Un patriote” explique-t-il avec un air entendu et tous de me regarder avec considération. Je suis trop content pour rire de cet incident comique car je suis enfin en France. Sept jours d’efforts m’y ont conduit. Nouvel arrêt en gare de Lille où, au restaurant, en face de deux boches qui font la cour à une grue, je déjeune en attendant le train de Paris. La zone rouge (zone à statut spécial entre la Belgique et Lille) dont la frontière est levée depuis la veille, est franchie sans incident. Et voici Paris et l’arrivée chez ce brave Gonzague qui, ébahi, se met à pousser des cris comme un forcené, puis chez Annick. Visite à Lisbeth, chez les HOMO, aux de FOUCHER…. Longs moments dans le glacial appartement d’Anne en attendant que je puisse continuer mon voyage.
des 20 au 22 mars.               
Bernard DEBROISE s’occupe immédiatement de mon passage vers la zone libre. Par ses relations à la SNCF, le trajet d’une filière se met en place. Trois jours d’attente et me voici en route pourBordeaux dans un train comble. A l’arrivée, après avoir pris un affreux café, je me présente à l’adresse indiquée. Pour la nième fois je relate mon histoire, en attendant l’heure du train qui doit me rapprocher de la ligne de démarcation. En compagnie d’un employé des chemins de fer, je roule de nouveau à bicyclette le long d’une voie de chemin de fer, la route y est plus sûre. Déjeuner dans une ferme à la frontière, passage de la ligne à pied et à travers champs, puis nouvelle étape à bécane pour atteindre Ribérac, le premier village de zone libre.
               De Ribérac, je me rends à Salon-de-Provence où se trouveYvon. De chez Yvon j’envoie à Paulo, cachées dans des cigarettes,des informations sur mon trajet d’évasion.              Je passe ensuite 3 semaines à Cauterets dans les Pyrénées :un mal de dos s’est déclaré brutalement à mon arrivée chez Yvon. Je pars alors pour Marseille pour passer des visites médicales dans une maison de repos “Montaulivet”. Au bout de deux mois, on m’inforne que je dois être opéré du dos. 
            J’ai trouvé partout des gens formidables. A Marseille, il y avait les demoiselles GUIGOU ( filles du parrain d’Hervé) qui me recevaient toutes les semaines à déjeuner, alors qu’elles manquaient elles-mêmes de tout. Je voyais aussi MANTEL qui avait été à la section maritime de Douarnenez.
              Je suis resté à Marseille jusqu’à la fin de la zone libre. Mon opération a été suivie de six mois de repos complet que j’ai passés à Grenoble (où j’ai retrouvé Paulo). Dès que j’ai pu marcher, je suis venu à Kernoalet et y ai retrouvé Gonzague.
            La maison n’était pas connue des Allemands, (elle ne figurait pas sur leurs cartes) on cachait des réfractaires. Yvon était aussi dans le réseau de l’ORA, (dirigé par Luc R0BET). Il était responsable des parachutages dans la région. Lorsque Luc ROBET a été arrêté par les Allemands à Rennes le 20 janvier 1944, Yvon l’a remplacé.

              Mais tout cela est une autre aventure.

Pièces jointes ci-dessous:
_ schéma du passage de frontière Allemagne – Hollande
_ carte du parcours jusqu’à Paris
_ carte du parcours en France
_ tableau des villes traversées

L’ÉVASION (13 au 20 mars 1942)

PaysVillesDates
ALLEMAGNE  HammelburgSeptembre 1941
  Castrop-Rouxel13/03/1942
  Bochum
  Essen
  Duisbourg
  Krefeld
  Kempen14/03/1942
PAYS-BAS  Venlo15/03/1942
  Blérik
  Eindhoven
  Tilburg
  Bréda16/03/1942
  0osterhout
BELGIQUE  Louvain17/03/1942
  Westmalle
  Anvers19/03/1942
  Bruxelles
  Blandain
  Tournai20/03/1942
FRANCE  Lille
  Paris
  Bordeaux
  Ribérac
  Salon-de-Provence23/03/1942
  Cauterets
   Marseille
  Grenoble
  Kernoalet