Il y a 80 ans à Plogonnec

Le débarquement en Normandie du 6 juin 1944 fut un choc terrible pour les armées allemandes. Jusqu’à cette date les troupes d’occupation répondaient ponctuellement aux sabotages et attaques des résistants et maquisards.

La Gestapo et la feldgendarmerie traquaient ces derniers et effectuaient des rafles, des prises d’otages et procédaient à de nombreuses arrestations. Deux ne nos concitoyens, Alain Fily et Jean-Louis Louarn, moururent en camp de concentration. Louise le Page et Anne Cuzon, survécurent à leur déportation, elles furent libérées le 22 avril 1945.

A partir du 6 juin, les troupes allemandes stationnées dans le sud de la France, reçurent l’ordre de monter de vive force vers le front de Normandie, exerçant sur leurs parcours des représailles et massacres épouvantables, comme ceux de Tulle ou Oradour sur Glane.

Les troupes allemandes d’occupation de l’Ouest tentèrent un repli vers l’Est, mais se heurtèrent à une vive opposition des résistants du centre Bretagne.

Cette résistance les contraignit à se replier sur les poches de Brest et de Lorient. Dans ce temps les résistants F.F.I et F.T.P. s’organisaient et se renforçaient en armement. Comme toutes les communes, Plogonnec fut le lieu de plusieurs évènements, tous en lien avec le repli des troupes allemandes.

Ayant décidé de quitter leur casernement, situé dans l’école St Egoneg, les occupants demandèrent à la municipalité la réquisition des moyens de transports et des hommes nécessaires à leur évacuation.

Le maire pour décider qui serait réquisitionné, prit un compas et traça un cercle de deux kilomètres de rayons autour du centre bourg. Toutes les fermes se trouvant dans ce cercle, devant fournir un cheval, une charrette et un homme.

Le 1er août, ils partirent vers Carhaix, le 3 août aux environs de Landeleau, le convoi tomba dans une embuscade tendue par ceux que les Allemands appelaient « terroristes . Profitant de la confusion, les Plogonnistes s’échappèrent en abandonnant chevaux et charrettes.

Le 5 août, Yves Marie Bothorel, sera abattu au Croezou. Les Allemands interdirent pendant deux jours, que le corps soit récupéré, pour servir d’exemple.

Le dimanche 6 août, un détachement d’état-major allemand circulant entre Guengat et Plogonnec est attaqué, un peu avant la Plaisance par un groupe de résistants ; leur commandant, blessé au bras, les Allemands poursuivirent leur progression vers Plogonnec.

Tout en cherchant un médecin pour soigné leur commandant, les allemands rassemblèrent tous les hommes adultes des environs, alignés dos au mur, face à des ennemis particulièrement menaçants. Pendant ce temps, les femmes et les enfants, craignant des représailles, s’enfuyaient dans les jardins et la campagne environnante.

Le docteur Kerbourg, tout en refusant d’accueillir le commandant blessé chez lui, accepta de le soigner à l’extérieur de son cabinet.

Les soins furent efficaces et, la « compagne locale » du commandant qui connaissait bien la région, lui expliqua que les habitants de Plogonnec n’étaient pas responsables de l’embuscade.

D’autre part, le chanoine Bihan, curé de la paroisse, parlant l’allemand, contribua à arrondir les angles et à faire libérer les otages.

Les Allemands pressés de reprendre sa route, vers la Presqu’île de Crozon, réquisitionnèrent quatre ou cinq hommes pour leur servir de bouclier humain jusqu’à Plonévez-Porzay.

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Témoignage recueilli par Ange Le Gall, auprès de Madeleine Le Corre-Ligavan et de René Le Grand.

Retranscrit et annoté par Hubert Dantic. 07/03/2024